Rencontre avec le Docteur Jean- Paul GUERIN — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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Rencontre avec le Docteur Jean- Paul GUERIN

LA GESTION DES RISQUES
ASSOCIES AUX SOINS

 

 

 

                            

                     

                                             

 

  Compagnon discret du chirurgien, l'anesthésiste a la responsabilité d'assurer le protocole de suivi de l'opération en cours, et de ramener à la conscience le patient inerte et fragilisé. Il doit parfois gérer un imprévu dans l'urgence. Sur ce sujet sensible de la santé, la presse commente largement les accidents survenus ici ou là. Il faut dire que, au-delà de la compassion légitime due aux victimes, les coûts financiers liés à la réduction du risque sont énormes. Le docteur Jean-Paul Guérin, bientôt au terme de sa longue expérience de médecin hospitalier, aujourd'hui gérant de l'unité d'hémo-vigilance et coordonateur pour les risques associés aux soins, a bien voulu faire part de sa réflexion aux membres de l'équipe d'aumônerie.

 

            Le docteur évoque d'abord l'évolution du rapport entre le patient et son médecin. A la relation de confiance telle qu'on l'évoque pour autrefois, a succédé, à l'ère de l'internet, l'idée qu'on achète un service: "Les malades étaient plus gentils autrefois". La reconnaissance n'est plus la même; l'anesthésiste, en particulier, est ignoré. Les rapports avec les familles ne sont plus aussi simples. Les recours se multiplient, pour des raisons parfois contestables, cependant que la médecine a fait des progrès considérables dans divers domaines.

 

            Le risque d'infection nosocomiale, par exemple, est lié davantage à la présence d'un microbe dans l'organisme du patient plutôt qu'à une cause extérieure. Et monsieur Guérin de présenter des photos de postes opératoires stérilisés grâce à des machineries complexes.

 

            L'hôpital est une structure lourde, d'une grande complexité, où, autour du personnel soignant, se superposent plusieurs niveaux d'intervenants, depuis les services d'entretien, la direction administrative, les autorités locales, l'Agence régionale de la Santé… Ainsi :

 

- Le service informatique a pris un développement considérable.

- La chaine des produits est sûre; les problèmes, quand ils surviennent, proviennent d'une manipulation malencontreuse. La gestion des ressources humaines est celle d'une entreprise dont le budget annuel s'élève à 200 millions.

- Le matériel de réanimation coûte très cher: un poste d'anesthésie vaut 130 000 à 150 000 euros.

- Depuis l'affaire du sang contaminé, le contrôle des produits sanguins fait l'objet d'un soin particulier.

 

            Le docteur évoque ensuite les conditions de travail vécues dans un service, avec son lot de satisfactions et de déceptions.  Quand on a servi parfois pendant 70 heures dans la semaine, il faut savoir gérer sa charge émotionnelle, trouver l'équilibre entre se protéger pour rester techniquement efficace, et créer à chaque fois une une relation empathique avec le patient dans son humanité. Que faire, par exemple, si celui-ci refuse une transfusion sanguine à son enfant pour des raisons personnelles? Il est vrai qu'une bonne relation entre le soignant et le malade a des effets sur le résultat.

 

            Merci, docteur Guérin pour la simplicité et l'ouverture, j'allais dire la complicité, avec lesquelles vous avez bien voulu vous confier à nous, à la fin d'une carrière bien remplie, dont vous nous avez livré les grands traits : vos valeurs humaines, l'origine de votre vocation médicale, vos premiers pas à l'hôpital Cochin, le réalisme que vous avez acquis au contact de la vie hospitalière, votre attachement enfin à une vie familiale grâce à quoi vous êtes venu dans la région paloise, à l'hôpital de Pau où nous avons pu bénéficier de votre rencontre .

Robert LATAPIE