La maladie, une expérience spirituelle? Père Bruno Cazin — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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La maladie, une expérience spirituelle? Père Bruno Cazin

 

             

 

Pour le Père Cazin, spécialiste en hématologie, la maladie peut être une  expérience spirituelle pour celui qui accueille la vie comme un don

La maladie et la souffrance suscitent souvent de l’incompréhension ou de la révolte. Comment y répondre ?

     

Père Bruno Cazin : La colère et le sentiment d’injustice sont très fréquents. Le   consentement à la maladie et à la fragilité est plus ou moins rapide et traversé   par des hauts et des bas. La maladie est un apprentissage de la pauvreté. On   se retrouve démuni et paradoxalement cela peut ouvrir un chemin de  croissance qui a le goût des Béatitudes. Car le malade est un pauvre qui, dans sa simplicité, va pouvoir accueillir avec beaucoup de gratitude ce qui lui est offert. C’est là que se joue l’expérience spirituelle, tellement forte et existentielle, qui éprouve la foi du croyant parce qu’elle l’accule à la vérité : seul, je suis perdu, mais je suis sauvé si j’accepte l’amour que les autres et que Dieu me témoignent. Beaucoup de personnes malades, croyants ou non, vivent cette transformation intérieure, ce que j’appelle une opération de vérité. La maladie décape, dénude. Les chrétiens qui vont vivre cela avec le Christ peuvent approfondir le mystère. Mais il faut conserver une certaine délicatesse car il n’y a pas d’automatisme, certains vont demeurer dans la révolte ou une foi un peu magique.

Existe-t-il une perspective chrétienne d’aborder la maladie ?

P.B.C. : Oui, elle est liée au Christ, au fait qu’il ait souffert sa Passion et que le cœur de la Révélation, c’est le mystère de la Croix, de la mort et de la Résurrection. Ce n’est pas la souffrance en elle-même qui a un sens, mais le fait qu’elle n’ait pas le dernier mot et que la puissance d’amour qui peut être vécue dans l’expérience de la souffrance ouvre finalement une espérance. Celle-ci trouve sa source dans la résurrection du Christ, dans le fait que le Père ne l’ait pas abandonné et que, de surcroît, il lui ait toujours offert son amour. On peut déjà toucher cette espérance dans le consentement à se laisser soigner, à laisser l’autre m’aider et me prendre en charge. Ce qui nous sauve, c’est la confiance. Passer, avec le Christ, de la mort à la Résurrection, c’est-à-dire de la vie centrée sur moi-même pour accueillir la vie qui vient de Dieu.

Les malades sont très présents sur le chemin de Jésus. Comment comprendre ces passages ?

P.B.C. : La relation de Jésus avec ces personnes manifeste la miséricorde de Dieu. Mais elle relève de la grâce, non de quelque chose qui nous serait dû, même si la fréquence des guérisons peut impressionner et conduire certains malades à se demander : "Pourquoi  pas moi ? » A l’époque aussi, il y a beaucoup de malades que Jésus n’a pas guéris ! J’aime beaucoup le début de l’évangile selon saint Marc où, après qu’il a guéri la belle-mère de Pierre, il s’en va le matin dans le désert pour prier. Alors qu’on lui dit que tout le monde le cherche, Jésus répond qu’il doit aller dans d’autres villes et villages pour annoncer la Bonne Nouvelle. Il ne veut pas être piégé dans ce rôle de guérisseur. Mais ces guérisons sont le signe de l’amour de Dieu offert à tous.

 

Recueilli par Arnaud Bevilacqua    (Journal La Croix du samedi 28, dimanche 29 mai 2016)