QUARANTE — Aumônerie des hôpitaux de Pau

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Aumônerie des hôpitaux de PauAumônerie des hôpitaux de Pau
Menu
Navigation

QUARANTE

 

 

                       

 

Chiffre biblique magique qui compte les années de désert subies par le peuple hébreu. Conduit par Moïse, il y fait le dur apprentissage de la liberté après les années d’esclavage. Ce n’est pas seulement la tutelle du Pharaon qu’il faut quitter, mais encore le joug des divinités égyptiennes. 40 jours sera pour Elie, le combattant des idoles, le temps nécessaire pour éprouver « le fin silence » d’un Dieu qui se risque à laisser la parole à l’homme. Enfin, Jésus conduit par l’Esprit, passera encore 40 jours au désert pour préparer sa vie publique en affrontant et en refusant la tentation démoniaque de se faire le dieu de nos besoins et de nos fantasmes. De ces expériences fondatrices vient notre carême. 40 jours de préparation à ce qui constitue pour le chrétien le sommet de l’année liturgique et le centre de sa Foi, à savoir la fête de la résurrection du Sauveur et la sienne aussi. Mais il faut d’abord passer par le feu… Autrefois, c’est-à-dire avant les mises aux normes, à cette époque-ci, la nuit de nos vallées offrait un étrange spectacle. D’immenses serpents de feu rampaient vers les étoiles à l’assaut d’on ne sait quelle planète. De temps en temps, un brasier se faisait plus scintillant, les étincelles jaillissaient en hauteur, peut-être un « buisson ardent » ? Et l’on se prenait à imaginer Moïse fasciné par ce feu mystérieux dont l’origine restait obscure. Les bergers, suivant la coutume ancestrale, avaient allumé la flamme au bas de la montagne. Elle nettoyait les pâturages jusqu’à s’épuiser sur le « contre-feu » sagement prévu. De la végétation roussie par les intempéries et par le gel, il ne resterait que cendre grise et squelettes noircis. Quelques jours plus tard, les pentes se recouvriraient d’un duvet vert en attendant d’offrir aux troupeaux une herbe grasse et savoureuse. Ainsi débute notre carême : raccourci de quarantaine. Une mort symbolique, un retour à la poussière, un feu purificateur de tout ce qui nous encombre, de tout ce qui obscurcit l’essentiel de nos vies. Une cendre qui amende et nourrit une vie pour toujours incandescente ! « Convertis-toi ! »

 

Jean Casanave