1er janvier: Marie, mère de Dieu — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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1er janvier: Marie, mère de Dieu

                                                  

 

La fête de Marie, Mère de Dieu, fut instituée et se propagea dans l'Empire. Elle est toujours fêtée, chaque année, le 1er janvier.Beaucoup s'interrogent sur Marie : née sans péché, vierge mère, pas morte comme tout le monde mais enlevée au ciel, Marie est-elle un modèle inimitable? 

En 428, Nestorius, le patriarche de Constantinople, déclara que Marie ne pouvait pas être appelée "Mère de Dieu" (Theotokos), mais seulement "Mère du Christ". Tumulte dans l'Eglise, émeutes et bagarres dans les rues. Le culte de Marie était déjà bien répandu en Orient et ces déclarations ne pouvaient que choquer la piété populaire.

Une autre crise venait juste de bouleverser l’Église, celle de l'arianisme. Ses adeptes réfutaient l'idée que le Fils de Dieu fait homme puisse être l'égal du Père.

Il avait fallu deux conciles œcuméniques pour en venir à bout : Nicée, en 325, et Constantinople, en 381.

Tandis que le pape sommait le patriarche de renoncer à ses positions, l’Église orientale tout entière se souleva pour proclamer que Marie était bien Mère de Dieu : le nier revenait à nier, de fait, la filiation divine du Christ.

En 431, un concile réunit à Éphèse tous les évêques de l'époque. Après deux ans d'âpres débats, Nestorius fut déposé de son patriarcat et sa doctrine condamnée. Le concile proclama la maternité divine de Marie, suivant en cela saint Cyrille d'Alexandrie : "Ce n'est pas que d'abord un homme ordinaire soit né de la Sainte Vierge et que, ensuite, sur lui le Verbe soit descendu. Mais nous disons que, sorti du sein maternel, uni à la chair, il a accepté une naissance charnelle".

Les Pères du concile d’Éphèse n'hésitèrent pas à appeler Marie "Mère de Dieu". Ceci permit, vingt ans plus tard, lors du concile de Chalcédoine (451) d'affirmer que Jésus était bien "Vrai Dieu et vrai homme".

Marie, qui est-elle?

Que savons-nous de la mère de Jésus? Presque rien. Les évangiles en parlent très peu. D'où vient alors que la tradition chrétienne lui ait donné une telle place ? En fait, l'Église s'est trouvée affrontée à la question suivante : que fallait-il que soit cette femme pour que le Verbe de Dieu puisse devenir, en elle et par elle, un être humain? C'est à partir de Jésus que l'on a commencé à réfléchir sur Marie. Par exemple, quand le concile d'Éphèse, en 431, affirme que Marie est "mère de Dieu", c'est pour réfuter l'idée de Nestorius qui prétend que l'enfant Jésus n'est qu'un homme, auquel la divinité ne serait venue s'unir qu'ultérieurement. Ce qui conduit à renier la foi en l'Incarnation.

Dans son homélie, le pape donne aux familles chrétiennes l'exemple de la famille de Nazareth : "Chacun de nous, comme le pape Paul VI l'avait dit ici, a besoin de revenir à Nazareth, de contempler d'un regard toujours nouveau le silence et l'amour de la sainte Famille, modèle de toute famille chrétienne".

Intérieure à nous tous

Pourquoi dire alors que Marie est vierge? Et si ce qui était dit à propos de la conception virginale de Jésus révélait une vérité cachée en toute conception humaine ? C'est ce que pressentait Boris Pasternak dans Le docteur Jivago : "Il m'a toujours semblé que toute conception est virginale et que ce dogme ne concerne pas seulement la sainte Vierge mais exprime une idée générale sur la maternité." Qu'il y ait intervention masculine ou non, il y a en chaque enfant qui naît quelque chose qui est de l'ordre d'un commencement absolu.

En toute mère il y a ce point de virginité, cette disponibilité à recevoir quelque chose qui ne vient d'aucune source humaine déjà là, qui n'emprunte aucun chemin de médiation. C'est "le doigt de Dieu", expression biblique pour signifier l'Esprit, qui crée cet espace vide et en même temps le remplit. Ainsi Marie, en sa virginité, est en quelque sorte intérieure à chacun de nous ; elle est la figure de l'accueil de la Parole créatrice sans laquelle nous ne serions pas. Sans laquelle nous serions privés de toute fécondité, fécondité qui revient toujours à mettre Dieu au monde en faisant grandir l'humanité dans les hommes.

Un accueil total de la Parole de Dieu

Ce que la tradition et le dogme disent de Marie ne doit pas faire d'elle une créature séparée de nous, étrangère à ce que nous avons à être et à vivre. Une certaine représentation de ses "privilèges" ne doit pas nous faire oublier que, si elle est "bénie entre toutes les femmes", elle est cependant l'une d'elles. Si elle est "bienheureuse", c'est parce qu'elle a cru et qu'elle totalement accueilli la Parole fécondante.

Marie est ce point virginal de l'humanité qui accueille Dieu, se laisse créer par Dieu et le met au monde. Nous sommes d'un seul tenant avec elle. Comme elle, Dieu nous fait advenir à l'être, intacts, immaculés. Immaculée conception de Marie et naissance virginale de Jésus se retrouvent dans l'image de la page blanche : absence d'antécédent, commencement absolu. Dieu touche le vide pour nous faire surgir à son image et ressemblance, "icônes du Dieu invisible".

Marie n'est pas une déesse

Voilà pourquoi Marie ne doit pas être vue comme une sorte de divinité intermédiaire, capable d'accorder des "grâces" (Dieu seul le peut), ou comme un personnage bien placé susceptible d'arracher quelque bienfait à un souverain parcimonieux. Si Marie nous aime, c'est parce que Dieu nous aime.

Prions avec Marie, dans son esprit, c'est-à-dire dans la vraie posture de l'humanité vis-à-vis de Dieu, dans la nudité, la pauvreté, l'accueil du oui inaugural. Comme la page blanche avide de recevoir l'inscription de la Parole : "Qu'il me soit fait comme tu as dit". Alors, comme elle, nous pourrons être déclarés bienheureux, être comme elle totalement assumés par Dieu : nous sommes tous appelés et promis à l'Assomption.

 

[Pèlerin]