Prendre soin de soi-même avec Catherine MAZEREAU psychologue — Aumônerie des hôpitaux de Pau

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Aumônerie des hôpitaux de PauAumônerie des hôpitaux de Pau
Menu
Navigation

Prendre soin de soi-même avec Catherine MAZEREAU psychologue

Prendre soin de soi-même, c'est se donner les moyens d'être présent.

   

Ce mardi 19 mai, avec l'aide de Catherine MAZEREAU, psychologue, attachée au Centre Hospitalier des Pyrénées de Pau, l'équipe d'aumônerie s'est penchée sur les conditions préalables à la réalisation d'un bon échange entre le visiteur et le patient. Quelles motivations me poussent à aller à la rencontre des patients? Quelles sont mes attentes? Quelle est ma disponibilité d'esprit ? Quel est mon ressenti à l'issue des visites? Quels sont les critères d'une rencontre "réussie"?

    La mission confiée aux visiteurs commandités par l'aumônerie se réfère à une double évocation évangélique :
    - A chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait (Mt 25.36-40) 
    - Tu aimeras ton prochain "comme toi-même" (Mt 22.39)

    Le don de soi aux autres ne signifie donc pas le déni de soi-même. La célèbre formule de Socrate, "Connais-toi toi-même", pourrait figurer en exergue à cette réflexion commune : qu'est-ce que je porte devant les autres sans pour autant m'imposer? 

    Témoignages et interventions ont illustré ces questions fondamentales. Par exemple :
- le détenu qui recommande à sa correspondante de se ménager.
- le fils qui appelle son père à se calmer
- avec l'âge, ce que l'on nomme "la sagesse" donne du recul par rapport aux situations. Equilibre subtil entre l'implication, gage de sincérité et de conviction face à son vis-à-vis, et la distance nécessaire à conserver avec le patient.
- quand je suis là, au service, j'évacue le reste, c'est pour moi un ressourcement.
- je me présente comme une amie fraternelle.

                                                

    L'expérience montre que pour se libérer l'esprit, il faut en prendre le temps, alors que j'ai des soucis et que je suis très occupé. Le temps ainsi libéré avant la visite facilite ma disponibilité pour un rapport humain vrai. Déjà, la fidélité à mon engagement, la régularité de mes passages, sont des requis préalables à un travail fécond. C'est une discipline.

    Il en ressort que, pour avoir un effet apaisant et rassurant auprès du malade, pour se montrer fraternel, il vaut mieux être soi-même assez détendu ; empathique mais pas stressé ; conscient de ses faiblesses sans que ce soit utile pour le patient de lui exposer nos fragilités.

    Un exemple : face à un patient affirmant des prises de position contraires à mes idées, dois-je me contenter de l'écouter sans réagir, comme un simple miroir enregistreur ? Quelle est la bonne attitude, s'effacer ou s'affirmer ? Suis-je assez au clair avec moi-même pour savoir entendre ses blessures avec justesse, sans trahir pour autant les miennes ? Savoir respecter la liberté de l'autre, lui laisser un espace, sans pourtant me renier. 

    Tout est dans le regard que je porte : tu as du prix aux yeux de Dieu, comme aux miens. A l'issue de la visite, je ne sais pas ce que j'aurai donné, cela appartient à l'intimité du patient qui m'aura reçu. Dans quelques jours, tu seras ailleurs, sorti ou dans un autre service. Dieu, dans cet acte, est Tout Autre et pourtant Tout Proche, à la fois immanent et transcendant. Nous qui pensons apporter la Bonne Nouvelle, c'est parfois nous qui la recevons ; c'est le visité, le plus pauvre, qui me fait du bien.

                                                           

    A l'issue des visites, un certain rituel favorise l'évacuation du stress accumulé, apporte un réconfort : ainsi la mise en commun des problèmes rencontrés, un détour par la chapelle, ou une célébration communautaire. La dimension collective apparaît, au terme de la journée, bénéfique au bon équilibre des visiteurs et des visiteuses. 

    En conclusion, la visite aux malades peut se comprendre un peu comme " le sacrement du frère ", le besoin de rencontrer l'autre, avec la conviction que le Seigneur est présent au plus intime de la relation. Avant chaque rencontre, se dire que tout est possible. On n'est pas grand-chose, c'st vrai, mais on n'est pas rien, on n'est pas " nada ", comme il a été dit, on a du prix aux yeux de Dieu. On ne sait pas ce qui va se passer, mais c'est parce qu'on est présent que " quelque chose " va passer. La mission essentielle de l'aumônerie, c'est la présence. Après, on ne sait pas. La personne ne m'appartient pas, on passe le relais à Dieu.

    Prendre soin de soi, thème initial de cette réflexion collective , c'est donc s'accepter comme on est, sans narcissisme ni culpabilité, connaître ses limites, sans vouloir mettre la barre ni trop haut ni trop bas, savoir entendre le groupe autour de soi. D'autant plus qu'on se trompe, croyant à tort avoir réussi là où ce n'est pas toujours le cas, ou au contraire ne jamais connaître le fruit de ce que l'on aura semé.

                                                                               

 

 

                                                                                   

                                                                                                                                         

                                                                                                                 Robert LATAPIE, bénévole