le 2 novembre Aimer au-delà — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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le 2 novembre Aimer au-delà

 

2 novembre, jour des morts. La liturgie lui donne un autre nom, « commémoration de tous les fidèles défunts », mais autant être clair. Cimetière, pluie de travers, chrysanthèmes, nuages tourmentés par un vent aigre. Souvenir de ceux qui sont partis. Une prière sur la tombe, d’autres familles éparses, un nom sur le marbre. Ce rituel annuel nous est si familier que nous oublions souvent qu’il est très français, tout comme l’habitude, autrefois, de saluer un convoi funèbre en se découvrant, habitude dont Jean Giraudoux rappelait avec humour qu’elle surprenait les autres nations, comme si les Français seuls marquaient du respect envers la mort.

Mais Giraudoux se trompait ; ce n’est pas la mort que nous saluons, c’est le défunt, et parce qu’il est vivant. Ce corps qui est acheminé vers sa dernière demeure est inerte, mais l’âme de celui qui a vécu dans et avec ce corps est promise à la vie éternelle.

De même lorsque nous prions au cimetière, lorsque nous nous trouvons à parler aux saints (qui sont morts) et à nos propres défunts. Les corps reposent, mais les âmes vivent. Les saints nous entendent, où qu’ils soient ; nos défunts nous entendent aussi, au-delà de l’événement de leur mort.

C’est là un des secrets les moins cachés de la foi chrétienne, mais en même temps un des plus étonnants : nous prions avec ceux qui nous ont précédés, qu’ils soient partis il y a des siècles ou il y a quelques heures ; avec ceux dont nous croyons qu’ils sont à présent face à Dieu, dans la miséricorde de Dieu, sauvés. Nos liens d’amour vont au-delà de la mort, au-delà du temps.

Il est intrigant même que nos contemporains n’en paraissent pas plus surpris. Nous travaillons comme tout le monde, nous faisons nos comptes à la fin du mois, nous votons, nous sommes rationnels, efficaces autant que nous le pouvons, scientifiques le cas échéant, et nous parlons en silence à ceux que nous avons aimés et qui sont morts. Franchissant comme naturellement, par instinct, la barrière absolue.

Nous avons, nous chrétiens, une dimension de plus. La dimension de l’au-delà. Aimés par le Saigneur avant le commencement des temps, aimés bien après que les temps seront abolis, nous n’ignorons pas la peine de la séparation, mais nous ne croyons pas que cette séparation soit la fin. Nous aimons au-delà et nous sommes aimés d’au-delà.

Le 2 novembre, c’est en réalité la défaite de la mort que nous annonçons, la Résurrection du Christ, celle de nos proches, la nôtre.

 

Fr Yves COMBEAU,o.p.

(Vivre l’Evangile à la télévision n° 196)