" LAUDATO SI " Lecture de l'encyclique avec le Père Jean Casanave — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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" LAUDATO SI " Lecture de l'encyclique avec le Père Jean Casanave

 

 

            Le 20 octobre dernier, l'équipe d'aumônerie, réunie à l'hôpital de Pau, écoutait le père Jean CASANAVE

 

                                                           

 

présenter et commenter la récente encyclique du pape François, Laudato si - Loué sois-tu -, sur la sauvegarde de la "maison commune".

 

            La réflexion de l'Eglise sur ce thème n'est pas nouvelle. Le pape, dans son texte, fait souvent référence à des interventions de ses prédécesseurs (Jean XXIII par exemple dans Pacem in terris, "A tous les hommes de bonne volonté") ou aux conclusions de diverses conférences épiscopales. Mais la parution de cette lettre encyclique, à quelques mois de la conférence internationale COP21 sur le climat, par son ampleur et sa hauteur de vue, revêt une importance et une opportunité particulières, reconnues dans de nombreux milieux, politiques, littéraires ou philosophiques.

 

            L'auteur se place d'emblée sous le patronage du "Petit Pauvre d'Assise" dont il a emprunté le nom. Il cite volontiers le Cantique des créatures : "Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l'herbe".

 

Le constat d'abord :

 

            Le monde s'est "globalisé". Jadis, dans une société essentiellement rurale, nos ancêtres paysans, enracinés au village, se soumettaient aux saisons : "C'est la terre qui commande", disaient-ils. Aujourd'hui, grâce à la recherche scientifique et aux inventions technologiques, l'homme est en mesure d'influencer la nature. Mais dans quel sens? Comment utilise-t-il son pouvoir nouveau?

 

            Et Jean Casanave de citer la Genèse où, déjà, Dieu se repentait d'avoir créé le monde (cf. Gn 6) : "La fin de cette chair est arrivée, je l'ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes et je vais les faire disparaître de la terre." Mais à cause de Noé, qui était juste, Il se reprend : "Tout ce qui est sur la terre doit périr […] Mais j'établirai une alliance avec toi." L'auteur biblique traduit la volonté divine de sauver l'homme, en dépit du mal,  et avec lui la création. Dieu aime l'homme et lui veut du bien.

 

            Tout est lié dans la création, insiste le pape (cf. paragraphes 117, 120, 138):

                                          

                                

 

 

- On ne dégrade pas la nature sans porter atteinte à la vie humaine. Le prélat argentin qui a fréquenté les favelas de Buenos Aires, cite en exemple la question de l'accès à l'eau potable, condition de la vie, menacé par l'activité humaine et les perturbations climatiques.

 

- La question du traitement des déchets ((§121): les pays "des étages supérieurs"  ponctionnent et gaspillent les richesses naturelles des pays "du dessous", créant des dommages qui dépassent les possibilités de régénération de la planète.

 

Les causes du constat :

 

            Le monde s'est "globalisé". Les modèles technologiques sont devenus  universels. On a pensé que le progrès technologique était un bien en soi. Or, tout ce qui est possible n'est pas pour autant souhaitable (§ 113). Les avancées techniques n'entraînent pas forcément un progrès de l'humanité. Si les moyens modernes de communication ont accru l'efficacité des échanges, ils ont modifié la qualité des rapports humains (dans le travail par exemple), en supprimant la chaleur des rencontres directes.

 

Plaidoyer pour une écologie intégrale :

 

 

            La notion d'une écologie "intégrale" s'appuie sur celle de la priorité du bien commun, tel que défini par Vatican II (Gaudium et spes, n.26) . "Dans les conditions actuelles de la société mondiale, où il y a tant d'inégalités, et où sont toujours plus nombreuses les personnes marginalisées, privées des droits humains fondamentaux, le principe du bien commun devient immédiatement comme conséquence logique et inéluctable un appel à la solidarité et à une option préférentielle pour les plus pauvres (§158)."

 

            Vivre une écologie intégrale, poursuit le pape, ce n'est pas accumuler des richesses, mais chercher des raisons de vivre, qui respectent le droit des autres.

 

            Et de citer en exemple comment l'addiction aux drogues conduit les narcotrafiquants à participer, avec la destruction des forêts tropicales, au déséquilibre de l'écosystème qui soutient la vie sur terre.

 

Lignes d'action :

 

            Le pape, en citant les multiples conférences internationales qui ont déjà travaillé à la question (§178), dénonce leur manque d'efficacité : "Répondant à des intérêts électoraux, les gouvernements ne prennent pas facilement le risque de mécontenter la population avec des mesures qui peuvent affecter leur niveau de consommation immédiat". Des décisions impopulaires à court terme font perdre des voix. On oublie que "le temps est supérieur à l'espace".

 

            La politique ne parvient pas ici à s'imposer devant l'économique. Sur une planète limitée, nous ne pouvons plus rêver d'une croissance illimitée. Il faut donc changer de rythme, revoir l'orientation de la recherche, inventer d'autres alternatives que d'augmenter indéfiniment la production.

 

Dieu est-il écologiste ?

 

            La Bible enseigne que chaque être humain est créé par amour, à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn1,26), ce qui lui confère une dignité infinie (§65). La terre nous précède, elle nous a été confiée pour la dominer (Gn.1, 28) afin de la gérer - "jardin à cultiver et garder", précise la Bible (Gn.2,15).

 

            Ce commandement est confié à l'homme, qui est déjà soumis lui-même à la loi de Dieu. Il n'est pas souverain (cf. le Deutéronome qui enjoint de penser à la veuve et au pauvre).

 

            Quant à l'Evangile,  l'idéal d'harmonie, de justice, de fraternité et de paix que propose Jésus est aux antipodes d'une vision de la nature uniquement comme objet de profit et d'intérêt.

           

            Le pape appelle donc chacun d'entre nous à une conversion écologique (§217). Protéger l'œuvre de Dieu est un devoir impérieux où chacun a sa part de responsabilité.

 

            "L'amour, fait de petits gestes d'attention mutuelle, est aussi civique et politiquer, et il se manifeste dans toutes les actions qui essaient de construitre un monde meilleur" (§231)

 

            Sur le modèle trinitaire, le monde est un tissu relationnel. "Plus la personne grandit, plus elle mûrit, et plus elle se sanctifie à mesure qu'elle entre en relation; quand elle sort d'elle-même pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres et avec toutes les créatures (§240)".

 

Conclusion :

 

            "A la fin, nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de l'univers qui participera avec nous à la plénitude sans fin (§243)".

           

            "Le seigneur ne nous abandonne pas, il ne nous laisse pas seul, parce qu'il s'est définitivement uni à notre terre, et son amour nous porte toujours à trouver de nouveaux chemins. Loué soit-il!"

Robert Latapie.