Une vallée de larmes — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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Une vallée de larmes

                                  

 

Tous les soirs l’office des complies s’achève par le Salve Regina qui nous rappelle les pleurs et les gémissements de cette « vallée de larmes » dans laquelle nous sommes plongés et sur laquelle nous espérons un regard miséricordieux de la Vierge Marie. Vision manichéenne du monde ? Peut-être ! Mais lorsqu’on nous annonce la famine possible de plus d’un million d’enfants en Afrique et que l’on nous montre en même temps les prouesses d’un drone chargé de faire courir les tigres d’une réserve afin qu’ils perdent du poids, on se demande dans quel monde on vit ! Est-il inscrit de toute éternité que l’avancée du progrès ne peut s’effectuer que sur les débris et les déchets d’une grande partie de l’ humanité ? Tout se passe comme si le malheur de la multitude innombrable de ces frères humains affamés, massacrés, laissés pour compte, marginalisés soit compté comme nécessaire à la marche de l’histoire ? Et si l’on veut bien ne pas confondre bien-être et bonheur et prendre en considération la chape de souffrance qui plombe toute l’humanité, riche ou pauvre, depuis la nuit des temps, alors cette vallée de larmes déborde de toutes parts. Certes, nous avons connu, ces derniers siècles, des progrès stupéfiants qui ont contribué à une élévation mondiale du niveau de vie ou du moins de l’âge de la survie, mais comment casser et renverser ce qui ressemble à un destin inexorable ?

C’est la mission que le Père a donnée au Christ. Jésus a épousé dans sa chair notre condition  et plus spécialement celle des pauvres et des malheureux. Il s’est, ensuite, attaché à soulager les misères physiques et morales de tous. Mais son « génie » a consisté à faire de la souffrance et de la mort elles -mêmes, (et les siennes en premier), les instruments d’un bonheur qui prend le nom de salut. Ainsi, cette vallée de larmes planétaire ne sera plus le dépotoir de nos erreurs et de nos péchés mais la cuve baptismale d’une humanité revivifiée et sauvée par ce qui faisait sa malédiction. Les saints s’agenouillaient devant les pauvres car ils reconnaissaient en eux les plus beaux sacrements du Christ, on comprend pourquoi.

Le carême nous demande par le jeûne, l’aumône et la prière de participer à notre mesure à cette œuvre divine.

 

 Jean Casanave