ACCUEILLIR LE VIEILLISSEMENT avec Viviane Hounieu neuro - psychologue — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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ACCUEILLIR LE VIEILLISSEMENT avec Viviane Hounieu neuro - psychologue

                                    

 

            C'est à madame Viviane HOUNIEU, neuro-psychologue auprès du service de géronto-psychiatrie du CHP de Pau et attachée de recherche, que l'équipe d'aumônerie a posé cette vaste question : dans le plupart des services, nous rencontrons des personnes âgées, affectées de troubles de mémoire, de langage, d'orientation spatio-temporelle, quelles sont aujourd'hui les conséquences du vieillissement de la population sur les comportements et le statut social des personnes?

                                                                   

 

L'aspect sociétal du vieillissement :

          

 

L'espérance de vie augmente dans le monde entier. La proportion des personnes âgées de plus de 60 ans dépassera dans quelques années le tiers de la population française. Nous sommes face à un projet de société inédit dans l'histoire de l'humanité, et par conséquent affrontés à des prises de décision difficiles:

 

- à partir de quel âge devient-on une personne à mettre en retraite?

 

- quel cadre de vie offrir à des personnes âgées diminuées : faut-il les mettre à part dans des maisons de retraite, des béguinages, des quartiers spécifiques? Ou prolonger le maintien à domicile, mais dans quelles conditions?

 

- Comment adapter les organismes dispensateurs de soins à la prévalence croissante des affections neuro-dégénératives? Les recherches actuelles ont mis en relief la possibilité de dépister précocement certaines de ces maladies, comme celles d'Altzheimer ou de Kreutfeld-Jacob, qui ne se révèlent qu'à l'issue d'une période d'incubation de plusieurs années.

 

- Comment faire face au coût croissant des prises en charge? Des prises de décision sur l'opportunité d'une intervention sont parfois délicates.

 

- l'adaptation de la vie familiale quand plusieurs générations coexistent?

 

Le processus  de vieillissement :

 

- Il existe indéniablement une interaction entre la génétique et l'environnement social, en particulier au moment de l'enfance. Le vieillissement de l'organisme n'est pas homogène, il survient par crises, et affecte les organes indépendamment les uns des autres.

 

- Les premiers symptômes du vieillissement du cerveau se font sentir dès l'âge "mûr". Une enquête approfondie de suivi à long terme  est en cours auprès d'une cohorte importante de personnes volontaires. La plasticité du cerveau est extraordinaire. Tant qu'il ne s'agit pas d'une maladie dégénérative qui atteint les neurones, cet organe possède une réserve fonctionnelle capable de récupérer des potentialités quand surviennent des manques dans d'autres régions, en cas d'A.V.C. par exemple. Ce qui ouvre de réelles perspectives de rééducation.

 

                                      

 

- A quel moment se sent-on vieillir? Le processus est propre à chaque individu: il est fait de renoncements, de ruptures, de l'apparition de douleurs ou de déficiences organiques ou sensorielles… Il est grandement dépendant des conditions de vie. 

 

- On mesure encore mal l'effet des conditions modernes d'environnement sur la longévité des personnes. Nous baignons  maintenant dans un milieu d'ondes et de polluants inédits jusqu'alors. Il convient de distinguer, dans les moyens technologiques mis à disposition aujourd'hui (robots, internet, smartphones, caméras…), la part de ce qui aide et la sauvegarde  d'échanges humains authentiques.

 

Face à l'âge :

           

 

On sollicitait autrefois les conseils des personnes âgées pour la sagesse et l'expérience qu'elles étaient sensées avoir acquises, au terme d'une vie s'écoulant dans un décor stable. Le progrès technique a bouleversé la donne. Les "cheveux blancs" sont réputés dépassés par un progrès technique accéléré. L'individu vieillissant est fragilisé, il a perdu le statut social qu'il occupait précédemment; il subit plus qu'avant des pertes affectives, des amitiés, des deuils… Ses capacités corporelles diminuent.

 

            Reste la question de la capacité cérébrale! L'activité cérébrale est une condition indispensable au maintien de la santé mentale. La retraite n'est favorable que si l'individu s'intéresse à quelque chose qui sollicite son cerveau, qui empêche celui-ci de tourner  à vide, porte d'entrée vers un état dépressif progressif. La retraite doit ouvrir sur une période de réinvestissement, de réengagement, peut-être dans la famille, ou selon les cas,  vers des loisirs occupationnels, ou vers un bénévolat social…

 

            Puis le poids des ans s'accentue, limitant progressivement l'activité, la dépendance augmente. L'enjeu est de rester une personne à part entière, de ne pas devenir un objet infantilisé, privé de toute liberté!

 

            Le déclin de chaque fonction est sans doute génétiquement programmé. Le moyen d'en diminuer les effets tient dans un désir d'adaptation permanent : surmonter une désillusion, ajuster son projet autant que faire se peut.

 

            Et toujours et encore, savoir "en parler", rester ouvert aux autres. Etre capable, humblement, chaque matin, de se réinvestir au-delà de chaque perte. La parole délivre, la communication permet d'évacuer ses angoisses. Se dire qu'au-delà des changements somatiques qui m'affectent, je suis toujours "moi-même". Je remplace mes activités perdues par de nouveaux intérêts, sinon je m'étiole, il ne me restera plus que "la télé!" 

                       

                                                                                                                   Robert Latapie