Pour des temps incertains — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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Pour des temps incertains

 

 

 

                          

 

 

On travaille, on s’agite, on voyage, on gagne sa vie, on fait des projets, on procrée, et on meurt. Ainsi va le cycle du temps court à visibilité réduite…

Et pendant ce même temps, les catastrophes s’accumulent, les guerres violent et tuent, les bombes éclatent, la nature s’épuise. C’est le rythme du temps long, celui d’une Histoire qui paraît sans avenir…

Certains élèvent des digues de protections en tout genre pour contenir la furie des eaux. D’autres construisent des bateaux remplis de leurs suffisances pour surnager. Rien n’y fait… Les murs, un jour ou l’autre, s’effondrent ; les esquifs comme les vaisseaux font naufrage. D’autres encore, se réfugient dans la parole et le commentaire. Ils cherchent les coupables. Ils accusent les autres et d’abord Dieu.

Enfin, il y a ceux et celles, qui dans le déchaînement des éléments, attendent et veillent. Qu’ils soient sur la digue ou sur le bateau, ils ne perdent jamais de vue l’horizon et usent leurs yeux à trouer les ténèbres.

Ils vivent comme s’ils voyaient l’invisible. Sur les branches noires et nues qui sortent des eaux, ils perçoivent de petites boursoufflures prometteuses de verdure. « Voyez le figuier ; quand vous voyez poindre les bourgeons ne dites vous pas que l’été approche ? ». Au milieu des vols lugubres des corbeaux qui croassent à la mort, ils distinguent la frêle colombe portant dans son bec le printemps d’un monde nouveau.

Qui aura raison ?

Celui qui se réfugie dans la cale remplie et compte ses réserves ?

Celui qui élève les murs et se cache derrière eux ?

Celui qui accuse Dieu et ses frères ?

N’est ce pas plutôt celui qui se tient sur le pont du navire et qui reste éveillé pour être prêt à accueillir Celui qui vient en marchant sur les eaux.

Tout semblait perdu pour les Apôtres ballotés dans la tempête du lac ; le tombeau était définitivement scellé pour les témoins de sa mort ; seules quelques femmes veillaient… Elles étaient prêtes à accueillir ce jeune homme vêtu de blanc qui leur dit : « N’ayez pas peur ! C’est moi ! »

C’est tous les jours, pour chacun de nous, que sonne l’heure du rendez-vous avec le Jardinier du matin de Pâques. C’est tous les jours que sa parole vient à nous comme une lampe qui brille dans notre obscurité !

 

                                

 Jean Casanave