Semaine missionnaire mondiale — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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Semaine missionnaire mondiale

Depuis plusieurs siècles, les Basques témoignent d'un essor missionnaire remarquable

Saint François Xavier, dit-on, expira en basque. Cette langue prédispose-t-elle à Dieu ? Ou à l'envoi en mission, dont François Xavier (né en 1506 près de Pampelune, en Navarre, et mort en 1552 au large de la Chine) fut l'un des fleurons ? En 1938, on ne comptait pas moins de 98 missionnaires partis de Bayonne depuis deux siècles.

La singularité culturelle basque est-elle à l'origine de l'essor missionnaire indéniable de ce petit pays (trois millions d'habitants sur 20 000 km2), partagé par les Pyrénées ? Il faut se rappeler l'origine basque du cardinal Lavigerie (1825-1892), fondateur des Pères Blancs, de saint Michel Garicoïts (1797-1863), fondateur des Pères du Sacré-Coeur de Jésus dits "Betharramites". Sans oublier le cardinal Roger Etchegaray, né à Espelette en 1922 et grande figure des trois derniers pontificats. Ou encore Mgr Michel Cartatéguy, qui fut archevêque de Niamey (Niger) jusqu'en octobre 2014.

Le P. Guillaume Arotçarena, prêtre des Missions étrangères de Paris (MEP) originaire du village d'Hasparren (Pyrénées-Atlantiques) (1), y voit plusieurs explications. Tout d'abord, la situation historique, qui a mis les Basques "en première ligne des colonisations des XV et XVIè siècles, avec les Espagnols comme avec les Portuguais, du fait même que ce peuple était marin". Mais aussi, le fait que " leur langue était une île dont ils étaient obligés de sortir ". Et enfin, à partir du XIXè, le P.Arotçanera rappelle que les Basques "se sont violemment opposés aux idées libérales, le catholicisme devenant alors un marqueur d'identité fort".

" Ce lien entre la langue et la foi est dans nos racines. Il nous a pris aux tripes dès le sein de notre mère ", confirme le P. Jean Michel Barnetche, actuel curé d'Ustaritz et responsable de la coopération missionnaire du diocèse de Bayonne. A ces yeux, cette langue maternelle si singulière a nourri " notre habitude de regarder au-delà des frontières " : " Le Basque s'est tourné vers les horizons, parce qu'il fallait vivre, sortir de notre pays, dur à vivre et jamais gagné d'avance." Son propre père a vécu plusieurs années en Californie, comme tant d'autres Basques. Il rappelle que ceux-ci forment la moitié de la population de Saint-Pierre-et-Miquelon. Et confirme que l'essor missionnaire a été " parallèle " à cette pulsion migratoire.

Cet essor se poursuit avec une trentaine de religieux, religieuses, laïcs missionnaires basques, issus du diocèse de Bayonne, présents dans le monde entier, constate le P.Barnetche. Sans doute, dit-il, en raison de la " vertu de résister " qui caractérise ce peuple, " beaucoup voulant encore voir au-delà de nos petites préoccupations ".

                                                                                                 Frédéric MOUNIER - la Croix-27 mars 2015

 

(1) Auteur de Singapour vu d'en bas, chronique d'un Basque en Asie, Ed Les indes savantes, 2013.